Harry contempla l'hélicoptère et son cœur s'emballa à la simple idée d'y monter. Le jeune homme avait horreur des machins volants, que ce soit un airbus, un hélicoptère ou un avion à réaction. Tout ce qui s'éloignait un tant soit peu de la Terre en emportant des humains le terrorisait. Après tout, si les Hommes avaient été fait pour voler, ils auraient eu des ailes, comme les oiseaux. Harry maudit une fois de plus son paternel et se passa la main dans les cheveux. Le seul avantage dans l'histoire, c'est qu'il n'avait aucune idée de la façon dont ça se pilotait. C'était trop compliqué et puis, ce n'était pas comme s'il comptait l'utiliser, hein ? A l'occasion il pourrait même le louer à son meilleur pote, Garrett, et basta. Son paternel serait content (il aurait l'impression que son cadeau sert) et lui-même échapperait à cette torture.

Harry était ainsi planté devant son pire cauchemar, élaborant divers plans pour le vendre ou s'en débarasser discrètement sans vexer son père, lorsque Garrett, ce type cinglé qui aimait les machins volants, se présenta. Le jeune homme reconnut le bruit de son moteur avant même de voir sa voiture et il soupira. Il finit par distinguer la silhouette de son ami et avança à sa rencontre, affichant un air plus désespéré que jamais. Celui-ci lui donna une grande tape et Harry grimaça, déjà assez de mauvais poil.

« C'est un bel engin que t'as là...
- Un hélico ! Mon très cher paternel m'offre un engin volant incontrôlable. Et il est loin d'être beau.
- On va voir ça de suite ! »

Quelque part, ce n'était pas étonnant. Harry avait grandit dans l'une des familles les plus riches des environs. La maison, construite dans un style très moderner sur un terrain immense reflétait toute la richesse des Daugherty. Le jeune homme avait pour ainsi dire grandit avec une cuillère en argent dans la bouche. Il n'avait pas fréquenté la première école venue, son éducation avait été faite avec grand soin, Harry étant l'unique héritier. Aujourd'hui il se consacrait à l'une de ses passions : les horloges, montres et autres choses faisant tic-tac et ça lui convenait parfaitement. Après tout il pouvait compter sur son compte en banque pour satisfaire le moindre de ses caprices : pourquoi faire un travail épuisant ?

« Tu ne comptes pas m'embarquer dans cette chose, quand même ?
- Oh que si, viens là ! »

Sans plus attendre, Garrett entraîna Harry jusqu'à l'hélicoptère, le forçant à monter à bord. Il se laissa faire sans se débattre, sachant parfaitement que si son ami avait décidé qu'ils feraient un tour dans ce truc, il en serait ainsi. Pourtant il ne lâcha pas le morceau immédiatement.

« De toute façon, je ne sais pas piloter cet engin.
- Mais moi si... Je vais t'apprendre ! »

Ben voyons ! De mauvaise grâce Harry s'installa aux commandes et boucla les diverses ceintures. Oui, son père l'avait déjà emmené faire un tour – contre son gré – et il connaissait les règles de sécurité. C'était déjà ça. Garrett commença ses explications, lui indiquant vaguement à quoi servait chaque manette, chaque bouton.

« Ben voyons... Tu compte vraiment faire un tour avec moi au volant ?
- Oui ! »


« On s'est pas un peu éloignés, là ? »

Une bonne heure était passée et Harry avait progressivement pris confiance en lui, manipulant les diverses manettes de l'appareil avec davantage de dextérité. Bien sur, il avait déjà vu son père le faire à plusieures reprises, cela contribuant fortement à son apprentissage. Et de toute façon, il apprenait vite. Il regarda l'eau, juste en-dessous de lui et acquiesça.

« Oui, je ne sais pas vraiment où on est mais bon, l'Irlande doit être quelque part derrière nous. »

Garrett soupira et Harry intercepta son regard en direction du carburant.

« Ouh là, c'est bas !
- Merde...
- On n'a pas assez pour rentrer là... »

Harry sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Voilà qu'après être partis en hélicoptère ils n'avaient pas regardé le carburant. Et voilà qu'ils volaient sans même pouvoir rentrer.

« En effet... Mais on va faire quoi maintenant ?
- Bon, on va faire demi-tour. »

Harry exécuta un demi-tour un peu maladroit et fixa l'horizon. Ils étaient allés si loin que ça ?

« Bordel, on a paumé notre pays... ! »

La panique embruma totalement l'esprit du jeune homme qui vit la flèche de la jauge de carburan toucher le rouge. L'hélicoptère tangua bizarrement, accentua le sentiment de panique. Garrett prit brusquement les commandes et Harry les lâcha, soulagé de ne plus être responsable de quoi que ce soit.

« Y a une île, un îlot, un machin ! Vite, va là-bas !
- J'vais dessus !
- Faut qu'on atterrisse sur la plage ! »

L'atterrissage, techniquement, était correct. Toutefois les deux jeunes hommes avaient raté la plage et les arbres avaient rapé le métal de l'hélicoptère. Maladroitement – et en catastrophe – l'appareil se coinça entre plusieurs arbres, se retournant en partie. Harry se retoruva compacté contre la vitre et repoussa Garrett, sans trop comprendre la situation. Son ami disparut brutalement de son champ de vision et le jeune homme se redressa, se débatant avec les diverses sangles de l'engin. Il se libéra enfin et se mit délicatement debout sur la vitre, escaladant ensuite les deux sièges. L'hélicoptère était coincé entre plusieurs arbres assez imposant et le sol n'était pas trop loin. Harry repéra Garrett dans un buisson, en train de pester, et il le rejoignit maladroitement, s'agrippant fermement à chacune des branches.

« On est où ?
- Sur une île. »