Voilà bientôt deux semaines qu’on s’est écrasé sur l’île. Deux semaines que mes parents sont partis, deux semaines que j’erre seul, perdu dans cet endroit inconnu. Je fais des cauchemars toutes les nuits, je revois ma mère étendu sur le sable, comme si elle dormait, sauf qu’elle ne s’est jamais réveillé et qu’elle ne le fera plus jamais … Les grands m’ont expliqué que mes parents avaient rejoint de Paradis, mais que je peux aller leur rendre visite quand je veux au cimetière, je ne les vois pas mais il paraitrait qu’ils sont là avec moi … C’est un peu bizarre cette histoire et j’ai un peu du mal à croire que c’est vrai mais malgré tout je vais chaque jour au cimetière, dans leur paradis pour espérer les voir, ou en tout cas pour ressentir leur présence. Je reste assis des heures devant deux tas de sables avec une petite croix, j’apporte des fleurs comme le font les autres, je ne sais pas à quoi ça sert mais c’est déjà plus jolie à regarder …
Aujourd’hui comme chaque jour, je me suis levé, j’ai vu quelques adultes, Alistair et Judith, j’ai mangé un peu avec eux et je suis venu ici comme à mon habitude. Cette fois j’avais amené une peluche, Judith me l’avait offerte à notre rencontre, je ne m’en séparais plus, j’avais aussi quelques fleurs cueillis sur le chemin. Une fois devant l’endroit où avaient été enterré mes parents, je m’assis et attendais. Ils me manquaient tellement, le rire de ma mère, les jeux avec mon père, leur présence. Je voulais les revoir et j’avais espoir de les apercevoir en venant ici mais je ne les voyais jamais …
Une fois les fleurs posé délicatement, je serais mon doudou très fort contre moi et je m’adressais à mes parents, même s’ils ne répondaient jamais.

« Je veux rentrer à la maison, je veux qu’on rentre tous à la maison, j’aimerais qu’on ne soit jamais monté dans cet avion … » Lançais-je, je n’avais pas remarqué que je n’étais pas seul dans le cimetière …

Je fis un sursaut lorsque j’entendis une voix me répondre. Je me retournais et j’aperçu alors une petite fille. Je me relevais alors rapidement, pris par surprise je ne savais pas trop si je rêvais ou si elle était réelle.
Je l’écoutais alors. Elle semblait avoir aussi perdu ces parents et bizarrement bien qu’elle soit triste, elle tenait le coup. C’était trop dur pour moi.
Je l’écoutais jusqu’au bout. Hochant la tête en pensant la même chose.  Une fois qu’elle eût fini, je repris ma place en face du tas de sable.

« C’est pas juste, et pourquoi on est toujours là nous ? J’aurais voulu faire ce long voyage avec eux ! » Répondis-je.

Je me rendis alors compte que des larmes coulaient sur mes joues. Normalement je ne pleurais pas devant des gens, mais là je ne pouvais rien faire, j’étais triste, j’étais en colère et j’étais surtout totalement perdu.

« Tu t’appelles comment ? Moi c’est Conan. » Demandais-je alors comme pour penser à autre chose.